La Roque-Gageac, une cité dans l’histoire

L’histoire de La Roque-Gageac est étroitement liée à sa situation au cœur de la vallée de la Dordogne et à proximité de la voie romaine qui reliait Limoges à Cahors. Au XIXe siècle, plusieurs découvertes archéologiques attestent d’une occupation humaine dès la période romaine à Saint-Donat. C’est là que se trouvait au Moyen Âge le siège de la paroisse, dont l’église fut détruite au cours des guerres de Religion de la fin du XVIe siècle.

I - De Saint-Donat à La Roque-Gageac

Aux IXe et Xe siècles, les raids normands, facilités par la navigation sur la Dordogne, vont probablement pousser la population de Saint-Donat à chercher refuge et défense contre le roc de Vigueyral, d’où l’appellation de La Roque de Gageac, la roque désignant une falaise fortifiée et Gageac le nom d’un hameau à proximité.

Le site s’avérera idéal pour contrôler le territoire alentour, notamment la plaine de Saint-Donat, la navigation sur la Dordogne et son franchissement par l’intermédiaire de gués ou de bacs, ainsi que la circulation terrestre.
Le castrum de La Roque, dans la partie haute du bourg actuel, comprenait au Moyen Âge une enceinte avec un château seigneurial (celui de l’abbé de Sarlat puis de l’évêque à partir du XIVe siècle), dominé par un fort troglodytique, plusieurs maisons nobles ou hôtels de chevaliers et, dans la partie basse, un agglomérat de maisons construites face à la Dordogne. 

En 1365, « La Roque de Gajac » comptait une population de quelque 350 habitants à l’abri d’un système défensif – le castrum -, orienté plein sud, ce qui assurait des conditions sanitaires bien supérieures à Sarlat.

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II - Une cité très convoitée

La Roque-Gageac dépendait depuis la fin du XIIIe siècle du ressort (justice) de Domme, bastide royale créée par le roi de France Philippe III le Hardi. Aussi les événements qui touchèrent Domme pendant la guerre de Cent Ans eurent un impact sur la sécurité de la seigneurie de l’évêque de Sarlat à La Roque-Gageac, ce dernier étant contraint de renforcer les fortifications de la cité et du port d’où pouvaient s’embarquer des troupes. Au XVe siècle, l’évêque de Sarlat, Bernard de La Cropte, résidait dans son château de La Roque-Gageac.

Un siècle plus tard, les guerres de Religion apportèrent à leur tour leur lot de destructions. À cette époque, La Roque-Gageac comprenait une quarantaine de maisons, dotées de jardins ou de cours intérieures dans lesquels les habitants bénéficiaient de sources alimentées par l’eau contenue dans la falaise. 

En 1568, Jean Tarde, alors âgé de six ou sept ans, assiste depuis la Roque au passage de l’immense armée protestante de 20 000 hommes à pied et 8 000 chevaux. La plaine de Saint-Donat fut le théâtre, à deux reprises en 1575 et 1589, d’âpres combats qui s’achevèrent par une victoire du grand capitaine huguenot, Geoffroy de Vivans. Les habitants de La Roque-Gageac n’eurent d’autres choix que de traiter avec lui : contre leur libre circulation et la faculté de poursuivre leur commerce fluvial, ils laissaient le libre passage des troupes protestantes et devaient s’acquitter de taxes… Privé des revenus de sa seigneurie de La Roque-Gageac, l’évêque de Sarlat la vendit à son frère Armand de Salignac.

En 1653, alors que les frondeurs s’emparèrent de la cité épiscopale de Sarlat, l’évêque, resté fidèle au roi, ordonna de remonter les murailles de La Roque-Gageac, de dresser des palissades en bois le long de la Dordogne pour empêcher les bateaux d’accoster et installa une garnison de quatre corps de garde.

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III - Une cité fluviale

La Roque-Gageac offre une ouverture sur la riche rivière Dordogne. L’activité portuaire, le passage sur le fleuve et la pêche ont fait la richesse de la cité. Dès le XVe siècle, nombre de marchands de Sarlat utilisèrent le port pour commercer avec Bordeaux et faisaient transporter du bois, des barriques, du chanvre, de l’huile de noix et le vin de la région, très réputé par sa qualité, sur des gabarres, ces bateaux à fond plat. Les pêcheries, sortes de piquets fichés dans le lit de la Dordogne entre lesquels on tendait des filets, étaient nombreuses sur la rivière, ce qui pouvait entraver la navigation et créer parfois des naufrages.

IV - Le tournant du XIXe siècle

À la veille de la Révolution de 1789, la paroisse de La Roque-Gageac comptait quelque 750 habitants. La création du chemin de fer de Bordeaux à Sarlat, la construction de routes et de ponts sur la Dordogne, mais aussi la crise du phylloxera à la fin du XIXe siècle vont sonner le glas de la cité. Le bourg, progressivement enclavé, va perdre de son activité commerciale, qui avait fait sa richesse. En 1841, on comptait 12 maîtres de bateaux, 9 bateliers et 9 pêcheurs ainsi que 4 boulangers, 4 aubergistes et de nombreux artisans. Près de 50 ans plus tard, les agriculteurs sont devenus les plus nombreux, il reste encore une dizaine de pêcheurs mais il n’y a plus de maîtres de bateaux ou de bateliers.

V - L’orientation vers le tourisme

Au début du XXe siècle, La Roque-Gageac commence à s’ouvrir au tourisme. À l’origine, une marchande drapière, Mélanie Beynel, tient une auberge-épicerie et va se forger, dès 1927, une réputation, parmi les dix cuisinières de Dordogne remarquées par l’ouvrage Science de Gueule en Périgord, édité en 1938. L’établissement devenu un hôtel-restaurant, l’un des premiers d’Aquitaine, prendra entre les deux guerres le nom de La Belle Étoile. Nombreuses sont les célébrités qui y ont séjourné. Le travail de ces pionniers du tourisme fait aujourd’hui partie de l’identité du village.

L’éboulement de 1957 et la reconstruction

Un événement tragique va bouleverser pendant plusieurs années la petite cité des bords de la Dordogne. Le 17 janvier 1957, un pan entier de la falaise se détache vers 10 heures du matin et écrase la partie ouest du village, qui est coupé en deux. Trois victimes seront retrouvées dans les gravats.
Habitués à affronter les épreuves, les habitants vont peu à peu reconstruire la partie du bourg endommagé et, aujourd’hui, de nombreux visiteurs se pressent dans la petite cité médiévale, classée parmi les Plus beaux villages de France.

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VI - Un patrimoine remarquable

Le fort troglodytique et les restes du château restent visibles dans la partie haute du bourg. Le fort, sans doute érigé au IXe ou Xe siècle, assurait la défense du castrum. Bien abrité d’une possible attaque par le haut de la falaise grâce à la vire qui le surplombe, il fut non pas un lieu de résidence mais de gardes qui se relayaient pour surveiller les alentours. Aujourd’hui, de gros piliers en béton soutiennent son plafond suite à un éboulement survenu en janvier 2010.
Les restes du château des évêques sont à peine visibles sous le fort troglodytique. Au XVIIIe siècle, un morceau de rocher s’était détaché de la falaise, endommageant gravement une tour du château. La Révolution de 1789 a poursuivi le travail de démolition de ce qui fut l’une des résidences des évêques de Sarlat.

Le Manoir de Tarde. Cette gracieuse bâtisse dotée d’une tour fut érigée au XVIe siècle sur une porte de l’enceinte du castrum. Elle porte le nom de l’une des plus anciennes familles de La Roque-Gageac, qui a donné le fameux chanoine Jean Tarde (1561-1636), ami de Galilée, mais aussi mathématicien, physicien, astronome, géographe et historien.

L’église Saint-Donat. À l’origine, c’était une chapelle qui devint l’église paroissiale de La Roque-Gageac après les guerres de Religion, celle de Saint-Donat située dans la plaine ayant été détruite à la fin du XVIe siècle.

La Maison dite des Sœurs, située à l’entrée ouest du bourg, a été construite en 1805 par un maître de bateaux. Cette importante bâtisse est devenue en 1876 l’école religieuse de La Roque-Gageac à la suite d’une donation particulière faite à la congrégation des Sœurs du Sacré Cœur de Jésus. Elle a longtemps servi d’école.

Le château de la Malartrie, quoique situé sur la commune voisine de Vézac, fait partie du décor de La Roque-Gageac. Il a été construit au tout début du XXe siècle sur une ancienne maison bourgeoise.

Un jardin exotique original, entre falaise et rivière, composé de différentes essences et couleurs chatoyantes.

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Publié par la Mairie de La Roque-Gageac